Mais si vous êtes ici, c’est que l’envie de crever l’abcès (ou d’ouvrir la porte) est là. Et c’est déjà un énorme pas.

Pourquoi c’est si dur d’en parler (et pourquoi c’est pas grave)

Déjà parce qu’on n’a pas appris à le faire. Ni à l’école, ni en famille, ni dans la plupart des couples qu’on observe autour de nous. Un fantasme, c’est intime, c’est flou, ça peut être gênant à formuler, et ça peut faire peur. Peur d’être jugé. Peur que l’autre ne comprenne pas. Peur de briser une image ou de créer un malaise.

Mais la vérité, c’est que presque tout le monde en a. Selon un sondage IFOP de 2021, plus de 85 % des Français déclarent avoir des fantasmes, et plus de la moitié ne les ont **jamais partagés à leur partenaire**. C’est énorme.

Et c’est dommage.

Un fantasme, c’est pas un projet

Petite mise au point utile : un fantasme n’est pas un plan d’action. C’est une pensée, un désir, un scénario qui excite – pas forcément quelque chose qu’on veut *vraiment* réaliser. Juste dire ça peut déjà enlever une pression énorme. Parce que parfois, on s’autocensure en mode “mais je pourrais jamais faire ça dans la vraie vie”, alors qu’en fait… c’est même pas la question.

Exprimer un fantasme, ce n’est pas dire “je veux ça maintenant”, c’est plutôt : “j’ai pensé à ça. Et j’aimerais t’en parler.”

Comment ouvrir la discussion sans plomber l’ambiance

Pas besoin d’attendre un moment parfait, ou d’écrire une lettre façon roman érotique. En vrai, c’est souvent plus simple qu’on ne le croit.

Voici quelques idées pour lancer la conversation en douceur :

• Choisissez un moment tranquille, pas entre deux mails ou après une dispute. Un soir calme, en balade, ou même au lit, après un moment complice.
• Utilisez l’humour ou un support : un film, une scène de série, une blague. “Tiens, cette scène… tu trouves ça excitant toi ?” C’est un excellent point de départ.
• Commencez par une anecdote personnelle : “J’ai repensé à un rêve bizarre…”, ou “je suis tombé sur un article qui parlait de fantasmes, ça m’a fait réfléchir…”
• Posez une question avant de partager : “Toi, t’as déjà eu un fantasme que t’as jamais osé dire ?”

Et si vous êtes vraiment timide ? Écrire peut aider. Un message, un mot laissé sur l’oreiller, un mail à lire ensemble. Le ridicule ne tue pas. Le silence, parfois, un peu.

Et si on n’a pas les mêmes envies ?

Spoiler : c’est hyper fréquent. Et c’est pas grave. Le but n’est pas d’avoir une checklist identique, mais d’ouvrir un espace de confiance. Peut-être que certains fantasmes resteront théoriques. Peut-être que d’autres donneront envie de tester quelque chose, à deux. Ou pas.

L’important, c’est la liberté de pouvoir dire “ça, ça m’attire” ou “ça, je suis pas à l’aise”. Sans pression, sans moquerie.

Et ça vaut dans les deux sens. Écouter les fantasmes de l’autre demande parfois de mettre son ego en pause. Pas toujours facile, mais toujours bénéfique.

Concrètement, on fait quoi après ?

Une fois la parole libérée, vous pouvez :

• Créer une “boîte à envies” : chacun écrit ce qui l’attire, anonymement ou pas, et on pioche ensemble pour en discuter.
• Établir des zones : ce qui est OK, ce qui est à tester, ce qui est hors limite. Ça pose un cadre rassurant.
• Imaginer des scénarios ensemble : sans forcément les réaliser, juste pour stimuler l’imaginaire.

Vous verrez que souvent, le simple fait d’en parler ravive la complicité. Et le désir aussi, d’ailleurs.

Et si on se plante ?

Franchement ? Ce n’est pas grave. Un fou rire, un moment de gêne, une incompréhension… ça fait partie du jeu. L’important, c’est d’oser. De créer un espace où chacun peut exister tel qu’il est, avec ses envies, ses limites, ses contradictions.

On n’a pas besoin d’être un couple parfait pour se parler vrai. Juste deux personnes qui se font confiance, un peu curieuses, un peu timides, mais prêtes à explorer ensemble.

Et ça, c’est déjà beaucoup.